Intervention de Jacques Roumain au premier congrès des écrivains pour la défense de la culture
- Club RFI Paris
- 18 avr. 2018
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J’appartiens à une petite nation d’hommes noirs partisans de la liberté, qui ont joué un rôle important dans les luttes de libération du continent américain. Huit cents volontaires sont venus de mon pays participer à la Guerre d’Indépendance de l’Amérique du Nord et se sont courageusement battus à Savannah. Quand Bolivar, ayant essuyé une défaite temporaire, chercha refuge en Haïti, il y trouva les armes et les munitions qui lui permirent de reprendre le combat. Cuba nous est redevable d’avoir porté assistance à Maceo et Marti. Et, bien que la chose soit peu connue, elle me semble néanmoins significative, le gouvernement haïtien de l’époque envoya d’importants secours financiers à la lointaine Grèce, aux champions de la liberté grecque qui luttaient pour l’affranchir du joug oppresseur de la Turquie.
Je suis fier, également, d’appartenir à ce même peuple d’esclaves noirs qui furent premiers, il y a désormais cent trente-trois ans, à prendre les armes pour supprimer la tyrannie de leurs maîtres.
Je ne puis faire autrement que d’être un communiste, un antifasciste. Entre mille autres raisons, parce que je suis Nègre ; parce que le fascisme condamne ma race à toutes les indignités.
En tant qu’écrivain, je m’engage pour la défense de la culture menacée par la barbarie fasciste. Ce qui implique que tout me pousse à faire miennes et les souffrances et la volonté de vaincre du peuple espagnol en lutte pour la liberté contre le fascisme, en lutte pour la dignité de l’espèce humaine.
Jacques Roumain
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